20 février 2014

Libération, je t'aime


Je me sens mal depuis une semaine. Tous les soirs, vers 21h30, j’actualise frénétiquement le site de Libé. Pas pour la Syrie, non. Ni pour l’Ukraine ou les Jeux Olympiques, mais pour Libération.

Ca fait maintenant près de quatre ans que j’ai passé pour la première fois la porte du 11 rue Béranger. C’était le 6 avril 2010. Je rentrai alors comme stagiaire pour ce qui s’appelait encore Ecrans.fr, le site rattaché à la rubrique Médias de Libération. Erwan Cario m’avait ouvert la porte du journalisme alors que j’étais simplement étudiant en L2 de droit avec une petite expérience sur un site spécialisé. Quatre ans plus tard, je suis journaliste techno en CDI. Entre temps, Erwan m’a renouvelé sa confiance avec un CDD et j’ai eu la chance de passer par Le Figaro puis au Monde. Sans cette confiance de la part d’Erwan, je n’en serais certainement pas là.

Durant ces quelques mois à Libération, j’ai eu la chance de rencontrer des gens formidables dont certains sont encore des modèles pour moi. Camille, Raphaël, Isabelle et Isabelle, Virginie, Alexandre, c’est grâce à vous que j’ai pu faire d’une passion mon métier. Isabelle et Raphaël, je l’ai dit à beaucoup de monde mais je n’ai jamais osé vous le dire directement, vous êtes des modèles pour moi, sachant écrire avec humour et avec sérieux, mais toujours avec une plume cinglante et affûtée. C’est pour retrouver les articles de la rubrique média un jour en avance que je m’étais alors abonné à Libération il y a trois ans. Un abonnement que je n’ai pas renouvelé, moyens d’étudiant obligent. Et pourtant, aujourd’hui, je veux vous soutenir. Je voudrais m’abonner à nouveau. Mais je ne sais pas ce qu’il adviendra de Libé dans un mois, si je n’aurai pas mis d’argent dans la boîte simplement pour permettre à Bruno Ledoux de faire une opération un poil plus rentable lors de l’inévitable revente du journal et de son immeuble.

Je me sens mal depuis une semaine parce que j’aime Libération et que j’ai l’impression de ne rien pouvoir faire pour rendre à ce journal tout ce qu’il m’a donné. Tous les journalistes étant passés à un moment ou à un autre dans leur carrière vous le diront, Libération c’est une famille. Le journal est petit, il n’y a pas d’ascenseur pour passer d’un étage à un autre, les étages se gravissent à pied le long de la vis qui servait de rampe de parking. Les journalistes se retrouvaient souvent le soir, après leur journée de travail, pour un pot de départ, d’arrivée ou de que sais-je, sur la terrasse de Libé. On pouvait repasser de temps en temps pour un anniversaire, une diffusion de la Nouvelle Star, ou pour la fête de fin d’année, on était toujours le bienvenu. Aujourd’hui, si les journalistes se réunissent le soir, c’est dans le hublot, la salle du comité de rédaction, pour participer aux assemblées générales et lutter pour la sauvegarde de Libé.

Erwan, Camille, Raphaël, Isabelle, Isabelle, ne laissez pas tomber. Libération, je t’aime.

12 octobre 2011

La représentation du pouvoir politique dans les séries TV

Pas de message depuis mai, ce blog part à la déroute, c'est un fait. Pourtant, je suis loin de n'avoir rien foutu depuis mai. D'abord, mon podcast, Kultur Breakdown, me prend de plus en plus de temps, ensuite, j'ai enchainé sur une (nouvelle) période de boulot à Ecrans/Libé en août dernier.

Et malgré ça, j'ai quand même eu le temps de participer à un autre podcast. Courant juillet, Poligeek a invité les animateurs de différents podcasts pour un numéro spécial avec plusieurs chroniques pour parler politique. Du coup, j'en ai profité pour traiter de la politique pour les séries TV, et comme mon inspiration est décidément bien à la baisse en ce moment, j'en profite pour recycler ma chronique et vous la faire lire. Parce que oui, aussi aberrant que ça puisse paraître, certains préfèrent encore lire une chronique que se taper deux heures d'émission. Il paraît... ou alors c'est juste une excuse minable pour alimenter ces pages à moindres frais.


J'aurais pu traiter du système constitutionnel de la République puis de l'Empire de Star Wars, et essayer ainsi d'expliquer pourquoi j'aime la prélogie, mais le sujet est plus juridique que politique et le dossier finalement entièrement pompé sur un article d'Alexis Frank, maitre de conférence de droit constitutionnel à Assas, que vous pouvez retrouver sur son blog.

Finalement j'ai donc décidé de lier plusieurs de mes passions dans cette chronique. Je vais tenter d'aborder les diverses formes de la représentation politique dans les séries TV. Personnages de maire, de gouverneur, de roi, de président, de sénateur, d'empereur, de pape ou même de conseiller, l'homme politique est omniprésent dans une série TV qui cherche à raconter une histoire ancrée dans un lieu précis. Le personnage politique va permettre de comprendre le système dans lequel évoluent les personnage. Parfois, comme le maire dans Buffy, ou les candidats aux élections municipales dans Sex and The City ou Desperate Housewives (je vous rassure, les bonnes références viendront après), parfois donc, le politique n'a qu'un rôle anecdotique : il est maire comme il pourrait être dentiste. Sa fonction d'homme politique n'est qu'un trait de sa personnalité qui permet de manifester son charisme et son pouvoir. D'ailleurs, dans ces rôles-ci, on ignore souvent le bord du personnage en question.


Un cas où l'homme politique prend davantage de place encore, au sein de la série TV, est la série historique. On le sait, l'histoire est toujours racontée par les vainqueurs, par ceux qui gouvernent, et est également centrée sur les gouvernements, les rois, les empereurs de l'époque. Quand on pense à la république romaine, on pense à César. Lorsqu'on évoque la révolution française, c'est Louis XVI qui vient en tête. Pour des raisons pratiques évidentes, les séries historiques prennent souvent le point de vue du politique. Que ce soit dans Rome, qui met en scène les affrontements politiques et militaires entre Pompée et César, puis Octave et Marc Antoine, ou dans les Borgias (diffusée cette année sur Showtime), les grands pans de l'histoire sont toujours contés du point de vue du politique, a fortiori si la série, comme dans Les Borgias, Les Tudors ou Les Kennedys est destinée à raconter l'histoire d'une dynastie. Même si le rôle politique reste présent, on est plus proche de saga familiale, souvent ancrée de mystères, de trahisons, de complots, puisque ce sont ces ingrédients qui font le sel de l'intrigue. On imaginerait mal une série sur Louis XII, alias « le père du peuple » (1498-1515).


L'idéal pour parler de la politique en dehors des grandes sagas historiques reste la fiction. Bien sûr, on peut partir dans le pur fantastique comme dans Game of Thrones ou dans Kaamelott mais l'exercice conserve quelques limites. Ainsi, si Game of Throne est une série résolument politique, traitant des méandres du pouvoir, de la guerre des chefs, de complots ou de putsch, elle ne prend le point de vue que des puissants sans qu'on en sache davantage sur le régime en place dans le royaume de Westeros. On est plus sur un aspect institutionnel que politique. Le régime semble ainsi être à la botte du roi des sept couronnes même s'il laisse la Main du roi (son premier ministre) gouverner réellement. La présence de différents royaumes au sein de Westeros semble indiquer qu'il s'agit d'un régime fédéral. On apprend même certaines règles qui concernent les Dothrakis, pourtant réputés barbares, comme, par exemple, le fait que le roi ne puisse rester au pouvoir s'il est incapable de monter à cheval. Du côté de Kaamelott, on en apprend également beaucoup sur le système institutionnel. Là aussi, il s'agit d'un royaume fédéral, le royaume de Loggre, avec tous les complots inhérents à une jeune fédération. Toujours sur le plan institutionnel, la saison 5 nous en apprend énormément sur les règles concernant le pouvoir en lui même. On a par exemple un système de régence, le fait que les femmes ne puissent pas accéder au pouvoir ou certaines règles plus complexes comme des coutumes (échange de femme de chevalier en pays de Vanne). Mais là où Kaamelott innonve réellement par rapport à Game of Thrones c'est sur les idées politiques véhiculées. On a beaucoup de thèmes sociétaux qui sont traités dans la série comme l'esclavage, la polygamie, la peine de mort ou la torture. On a également régulièrement droit à des manifestations de paysans qui viennent se plaindre sans trop savoir pourquoi. Encore plus politique, la série pourtant apparemment comique, n'hésite pas à situer certaines de ses scènes à la table ronde où sont, certes, racontées les quêtes des chevaliers, mais où se tiennent aussi les conseils de guerre et les décisions quant à l'armement, à la défense. Une mise en scène qui nous amène réellement au coeur du pouvoir politique, nous faisant ainsi participer à ces discussions. Cette entrée au sein des décisions politiques du gouvernement est finalement assez rare à la télévision.


Pourtant, The West Wing en a fait sa spécialité. Ceux qui écoutent Kultur Breakdown le savent, je suis un fan inconditionnel d'Aaron Sorkin et particulièrement de The West Wing, difficile pour moi de ne pas l'aborder ce soir. A vrai dire, si j'ai préparé ce sujet précis c'est bien pour en reparler une fois de plus. La série est contemporaine à sa diffusion et racontait les coulisses de l'administration du président américain Jed Bartlet. Là encore, il s'agit d'une série de fiction. Les personnages comme les situations, bien qu'inspirés de personnes et de faits réels sont fictifs. La série est probablement celle qui aura su le mieux parler de politique en traitant à la fois des partis politiques, des mécaniques institutionnelles, des campagnes et de sujets de société comme la vente d'armes aux États-Unis. On y côtoie au quotidien les cadres de l'aile Ouest de la maison blanche, conseillers politiques ou communicants, ainsi que le président des USA. Ici la politique n'est pas représentée par un personnage particulier, c'est la série toute entière qui est politique. Outre les aspects quotidiens de la politique américaine, la série propose de suivre le président Bartlet pendant ses deux mandats. On a donc une campagne qui dure une partie de la saison 4 et surtout qui sera l'enjeux principal de la dernière saison afin de découvrir qui sera le successeur du président Bartlet. Les choix politiques affirmés par la série sont très forts et on y retrouve toute la complexité du système américain avec le rôle majeur de la religion, le sujet épineux des armes, le terrorisme ou la guerre. C'est vraiment ma série favorite, et de très loin, donc je tenais absolument à profiter de mon passage dans l'émission pour souligner à quel point elle peut intéresser des auditeurs qui s'interessent à la fois aux séries et à la politique.

J'avais un dernier exemple de série politique en tête. The Wire, raconte la ville de Baltimore à travers différents angles que l'on découvre au fil des saisons. La saison 3 particulièrement est anglée sur les politiques à Baltimore. Même si la politique et notamment l'influence de la police face à la mairie dans le système américain est traitée tout au long de la série, c'est vraiment au cours de cette troisième saison que l'on découvre le rôle primordial des communautés pour se faire élire. C'est à travers le prisme de Tommi Carcetti, candidat démocrate à la mairie que l'on découvre tout ça, ainsi que via le sénateur Clay Davis, politicien corrompu qui représente ce que Carcetti souhaite à tout prix faire disparaître de Baltimore. Bien plus sombre et réaliste que The West Wing, The Wire fait le constat cruel que rien ne peut changer, qu'une homme politique malgré la meilleure volonté du monde ne peut faire évoluer une ville si sombre et si profondément ancrée dans la misère. Là encore, la série est brillante et je vous incite à tous y jeter un coup d'oeil.






Bien évidemment cette chronique ne saurait être exhaustive et j'ai fait l'impasse sur de nombreuses autres séries comme Brothers and Sisters, Boardwalk Empire, The Good Wife, Commander in Chief, Reporters ou Spin City. Ceci par pur manque de temps et de culture personnelle, il faut bien l'avouer...

1 mai 2011

Un Thor de force



Je sais, je devrais très probablement réviser mes partiels de mardi et mercredi. Mais je tenais absolument à vous faire partager mon indispensable avis sur la dernière tuerie Marvel sortie en salle.

Après Iron Man 2 et avant Captain America, c'est cette fois à Thor d'être adapté au grand écran, en prévision de l'évènement The Avengers prévu pour 2012 dans les salles. Un défi de taille, et pour plusieurs raisons. D'abord Thor est l'un des seuls héros Marvel dont l'origine n'est pas expliquée par des faits un tant soit peu rationnels : c'est un Dieu. On est bien loin des manipulations génétiques du Docteur Bruce Banner ou des avancées technologiques de Tony Stark. Ensuite, parce que l'esthétique classique du personnage, tout en collant et en casque à plume, fait davantage penser à un Astérix musclé qu'à Iron Man.




Finalement, la solution a été trouvée en basant le personnage davantage sur l'univers Ultimate de Marvel que sur la continuité classique. Du coup, on rajoute une barbe, une armure et on fabrique des ailes en métal incorporées au sein du casque. Et tout à coup, malgré mes craintes et l'aspect kitch des premières photos, on se retrouve avec un personnage bien plus cinégénique que prévu.

L'histoire en elle-même est des plus simples : Thor, à qui le trône d'Odin est promis va finalement contrarier son dieu de père en attaquant les ennemis d'Asgard. Pour cela il sera banni du royaume des dieux et devra trouver, sur Terre, la sagesse qui lui permettra d'obtenir à nouveaux ses pouvoirs et son précieux marteau divin, Mjöllnir. Une histoire classique d'exil, de rédemption comme on en voit tant, mais à la sauce super héros. A vrai dire, je m'attendais à bien pire. Le risque quand le scénario tient, comme c'est le cas ici, sur un post it, c'est de faire un film lent, mal rythmé et dont les ficelles trop voyantes permettraient tant bien que mal de faire tenir le film sur deux heures. QUE NENNI !

En 2h10, je n'ai pas regardé ma montre une seule fois. Et c'est pas rien de le signaler. Mieux, les scènes s’enchaînent avec fluidité entre la Terre et Asgard où un complot se joue afin que Loki, frère de Thor, atteigne le trône d'Odin. En fait, beaucoup de critiques on parlé de deux films en un. Je n'irai pas jusque là, mais il est clair que les scènes se situant à Asgard s'inspirent de grands films traitant de la lutte autour du pouvoir, tandis que celles sur Terre ont un côté bien plus détaché, plus drôles, presque burlesque. Tout du moins, jusqu'à l'affrontement final, badass comme on l'attendait.

Du côté de la réalisation, Kenneth Branagh s'en tire avec les honneurs. Habitué aux adaptations de classiques shakespeariens, il a su donner corps à cette guerre des pouvoirs. Toutefois, impossible pour moi de savoir s'il a réussi à apporter sa patte esthétique puisque je n'avais vu aucun film du bonhomme avant Thor. Je ne peux donc que supposer que le réalisateur britannique est un habitué des plans désaxés. Etranges au début, ces plans finissent par apporter au film la spécificité graphique qui permettra de le distinguer d'autres adaptations superhéroiques. Why not.




Mais, la photo... oh tiens, un dealer à Asgard ! Dans le rôle du gardien Heimdall, peu locace mais à l'importance capitale, Idris Elba (peu reconnaissable sous son casque) est impeccable. En fait, on peut le dire de tout le casting, les acteurs tiennent leur promesse. Natalie Portman est sublime en incarnant un rôle bien plus léger que dans Black Swan, Anthony Hopkins, quant à lui, joue un Odin sévère mais juste. Même Chris Emsworth, minet bodybuildé déjà vu dans le Star Trek de J.J. Abrams, remplit parfaitement le contrat.

Film Marvel oblige, les références sont multiples. Qu'ils s'agissent de caméo ou d'allusion à d'autres films de la franchise Avengers, on est servi. Un peu la flemme de tout résumer ici, du coup je vous conseille ce billet pour tout comprendre. Difficile également de ne pas voir une référence à la légende arthurienne quand des dizaines de rednecks tentent, en vain, d'extraire le marteau piégé dans le cratère au sein duquel il a atterri après le bannissement de Thor. Et forcément, Marvel oblige, une scène post générique (que j'ai tout de même trouvée un brin décevante) que je me garderai bien de spoiler en ces pages, sous peine de perdre mes quinze lecteurs.

Finalement, un Thor bien surprenant. Blockbuster sans prise de tête mais sans trop de défauts. Du bien joli boulot compte tenu du matériau de base. Promis, cette fois j'arrête de chroniquer des films ou des séries de super héros... du moins jusqu'à  la sortie de X-Men First Class.