22 décembre 2010

On s'fait une toile ? #3 - Skyline & Monsters

Ah, Noël ! Les départs en vacances, le feu dans la cheminée, le foie gras qui glisse dans la gorge, les blockbusters US, l'alien qui vient nous délivrer ses offrandes la nuit du 24, en échange de sa sécurité. Si, si, je te promets, c'est évident ! Sinon, dis moi comment tu peux expliquer rationnellement la sortie de deux films dont le thème central est une invasion de gros méchants tout verts ? L’appât du gain ? Avec deux films dont le budget cumulé s'élève à vingts millions cinq cent mille dollars, dont uniquement cinq cent mille pour Monsters ?

Certes, depuis quelques temps, les aliens font leur retour sur le grand écran. D'abord les prémices avec Cloverfield, puis Avatar, et fin 2010, on aura eu droit à Predators, Monsters et Skyline. Début 2011, ce sera au tour de Cow Boys and Aliens, puis Battle : Los Angeles et Super 8. Inutile de vous rappeler que les deux films de la prélogie Alien sont actuellement en préparation et le premier préquel devrait arriver aux USA en 2013. Tout ça pour vous dire que selon toutes probabilités, les petits bonshommes verts, ça fait vendre. Sauf que.

Sauf qu'en fait, un film d'aliens ça veut tout et rien dire, et les deux films que j'ai pu voir cette semaine en sont la parfaite démonstration. D'un côté, on a Skyline, une tentative de d'Independance Day like, écrit, produit et filmé par des mecs qui font des effets spéciaux. De l'autre, on a Monsters un film taillé pour Sundance avec un message politique, sur fond de no man's land post invasion.



Le gros problème de Skyline, ce n'est pas ses acteurs, sa mise en scène, son manque de rythme ou l'absence de direction artistique. Non, le gros problème de Skyline c'est son manque profond d'ambition. S'inspirer de Independance Day, je veux bien, j'avais adoré ce film quand j'étais mioche (avec un I hein, un I !). Sauf que vouloir s'inspirer du film de Roland Emmerich avec 10 à 20 millions de dollars, c'est du suicide. Du coup, on économise sur les acteurs en prenant d'anciens seconds rôles de séries TV (Donald Faison et Eric Balfour, really ?), sur les dialogue, puisque ça sert à rien si on a de jolis effets spéciaux, sur les costumes, puisqu'on a qu'à reprendre ceux imaginés pour nous depuis dix ans dans tous les films du genre. Et enfin, sur les décors. Le tournage a du être simple comme bonjour. On loue une chambre d'hôtel, on demande à pouvoir accéder au toit, et c'est tout. Oui voilà, t'as compris maintenant. Skyline est un huis clos cheapos avec des combats aériens derrière les fenêtres et des punchline à rendre Stallone vert de jalousie. L'enfer c'est les mauvais films.



Même si, à vrai dire, la descente est dur quand on passe d'un chef d'oeuvre à un nanard, je suis quand même bien heureux, d'être allé voir Monsters avant Skyline. Pas fou, et surtout, pas certain que j'aurais eu la motivation de voir un autre film après la purge qu'est le film des frères Strause.



A vrai dire, même sans faire la comparaison entre les deux films, Monsters est excellent. Un très grand film. Le pitch est simple : deux personnes aux caractères opposés se rencontrent au Mexique et décident de rentrer aux Etats Unis. Evidemment, il y a un hic : la moitié du Mexique est un no man's land, une zone infectée par les aliens qui ont atterri sur Terre quelques années auparavant. Non seulement le film évite les poncifs du genre (technologie surpuissante, attaque en masse de la Terre, gros vaisseaux, grosses bombes et attaques de chasseurs contre le vaisseau mère), mais surtout, il ne s'agit pas d'un film d'extraterrestres. Ici, les aliens ne sont qu'un prétexte pour raconter un road trip. Tirant parti de son budget serré, Gareth Edwards raconte une histoire d'amour et la filme pour Sundance. Les monstres, comme les zombies de Walking Dead ne sont qu'un prétexte, et on pourrait très bien remplacer l'infection extraterrestre par une attaque nucléaire, l'essentiel étant le voyage du couple et les superbes plans qui le compose. Je pense particulièrement à un travelling (celui dont est tiré l'illustration ci-dessus), comme j'en ai rarement vu.

En plus de cette simple romance post-apocalyptique, le film est intelligent. Il reprend un thème central de la politique US et déjà exploité dans Machete en plus bourrin, forcément, l'immigration clandestine. Du petit port mexicain jusqu'au mur gigantesque érigé à la frontière, le thème nous est rappelé sans cesse, sans nous enfermer. A la sortie, un petit parfum de liberté, et de fraicheur. Jusqu'à Skyline ...

Une superbe pique lancée aux frères Strause : on peut réussir un film ambitieux avec un petit budget.

9 décembre 2010

La taille aussi, ça compte.



Et avec un titre comme ça, j'attends impatiemment de lire vos Google requests.